Nicolas Desverronnières

c h a r g e m e n t

« Sans titre »

Véronique Hudon

Nicolas Desverronnières explore les paysages dans leurs réalités matérielles, construites et fictives. Son travail interroge notre relation à l’espace naturel et à l’imaginaire qui en découle. Lors de sa résidence, il s’intéresse à l’extraction de charbon réalisée par l’explosion de sommets montagneux (mountaintop removal), une pratique courante en Virginie-Occidentale, notamment dans les Appalaches. C’est autour de l’image de destruction spectaculaire d’une montagne qui explose que prend forme une enquête portant sur le paysage américain.

Installations, sculptures et dessins sont disposés dans l’atelier ; les différentes œuvres résonnent les unes avec les autres. Au sol, une installation formée de blocs de bois sculptés évoque un mont fictif à petite échelle. Les espaces béants laissés entre les blocs et les anomalies créées par leur disposition produisent une représentation décalée ou trouée de la montagne. Autour de cette sculpture se trouvent de délicats assemblages accrochés aux murs, regroupant des matériaux collectés à proximité comme des roches, un hameçon ou des végétaux qui s’agencent avec des formes sculptées. Ces compositions s’apparentent à de micro-natures mortes. Deux gravures sur bois réalisées point par point avec un pyrographe — un stylo électrique dont la pointe incandescente brûle le bois — illustrent des sites en forêt à proximité d’Est-Nord-Est. Un ensemble de dessins représentant la nature avec réalisme accompagnent le processus de création de l’artiste.

Nicolas Desverronnières nous amène à réfléchir à notre manière d’appréhender la nature en mettant en jeu des cadres représentationnels, tels que la carte ou la maquette, tout en faisant intervenir des formes sculpturales et des matériaux bruts collectés. Son travail ludique introduit des correspondances et des décalages entre différentes codifications et représentations associées à la nature. Ainsi, l’artiste interroge les cadres construits qui organisent notre vision de sites naturels. En puisant dans les vocabulaires de l’art, de la science, de la culture populaire et des cultures autochtones, il souligne les écarts entre l’imagerie populaire associée au paysage et l’exploitation brutale de la nature sur le territoire américain.

Par Véronique Hudon pour Est-Nord-Est, résidence d’artistes.